“Meuh !”
C’est par ce cri que mes amis me reconnaissent et mes ennemis me craignent. Quoique, je ne pense pas en avoir trop.
Je suis né en l’an 0 après D&D.
J’ai dû avoir mon premier contact avec la chose rôliste en lurkant une feuille de perso de Star Wars — le premier, le vrai, celui de West End Game — je n’avais pas vu les films. Ma première partie a dû être un genre de dungeon crawl à l’Œil Noir, en mode “murder hobo xp monstres trésors”.
Et puis, Tolkien a déboulé. Et donc, JRTM.
Et donc aussi, Rolemaster, mais seulement après avoir acheté une calculatrice scientifique à plusieurs mémoires.
Avec les potes du lycée, on faisait des week-end JdR, et on avait pour tradition de faire notre réveillon de la St Sylvestre à poutrer de l’Orc jusqu’au petit jour… Un chouïa de Cthulhu, pas mal de Shadowrun, du Rolemaster “allégé” pour du contemporain, mais… mais… mais je n’ai jamais joué à l’Ancêtre.
Même encore aujourd’hui, je trouve cette idiosyncrasie assez cocasse et pour tout dire une sorte de fierté d’être passé à côté tout en n’ayant pas du tout l’impression d’avoir loupé quelque chose.
J’ai eu quelques belles expériences en jouant à Toon également. Rendez-vous compte ! ce jeu renversait complètement les paradigmes : échouer, c’était bien, prendre des coups, c’était presque le but du jeu, se découvrir et se lancer dans le grand danger, c’était la BASE.
J’avais aussi acheté une vieille édition de OG. Comme quoi, les truc atypiques, pour l’époque, c’était déjà sur les rails.
Et puis… rien. En gros, entre 1995 et 2010, plus de jeu. Le groupe de potes s’est évaporé, et sans personne avec qui jouer, à quoi bon ?
Et au détour d’un article sur le site Boing Boing, un lien vers Lady Blackbird, le jeu de John Harper… la claque. J’ai pris 20 ans de progrès dans le JdR d’un seul coup ; je voyais des jeux en une dizaine de pages, complets, jouables, enthousiasmants, inspirants… J’ignorais tout du mouvement narrativiste, du freeform, des “story games”. Tellement loin du “crunch” des années 80. De quoi regretter les heures passées à faire des personnages à Rolemaster au lieu de jouer avec une feuille de perso qui tiendrait sur un post-it.
Alors j’ai replongé.
J’ai commencé à collectionner les PDFs de jeux de rôles, en anglais ou en VF, pour aller à la recherche de la perle rare, du parfait minimalisme, du haïku rôlistique.
Je pourrais te parler pendant des heures de l’élégance de FU RPG, de la profondeur philosophique de Roll for Shoes, ou des vertus cachées des jeux en moins de 250 mots dans la langue de Nieudan ou 200 dans la langue de Gygax.
Smôle ize bioutifoule
qu’ils disaient.
Au niveau de l’Auberge, je me tiens dans les rangs des “croyants, mais pas assez pratiquants”. Je pense dur comme fer que cette communauté est celle qui est la plus en phase avec les pratiques actuelles, mais entre la vie professionnelle, les contingences familiales et les divers projets sur lesquels je m’acharne avec une obstination à la limite du masochisme et dont la liste s’allonge plus vite qu’un body count dans un tome du “Trône de Fer” — j’ai ni lu les livres, ni vu la série, tiens, encore une singularité dont je m’honore — il reste peu de vraies soirées pour lancer les dés virtuels.
Mais… sait-on jamais…
Au plaisir.