Salut. Alors moi et les jeux sans MJs c’est une histoire compliquée. En plus j’aime pas ça, c’est nul et j’ai jamais aimé le nom (et tous mjs c’est pas mieux, peut être un « jeu dont l’histoire n’est pas écrite/contrôlée par une personne », un « jeu où tout le monde à son mot à dire comme au bistrot » ^^) 
Tout a commencé avec des tests de jeux comme Fiasco ou Vast & Starlit où il était clair que la procédure de jeu ne suffisait pas à générer une histoire cohérente, la bonne dose de contenu qui allait être utilisé pour la partie ou même le ton/couleur attendu pour le jeu. Pour moi le Mj n’est pas là que pour raconter une (son ?) histoire, mais pour garantir (dans la mesure du possible) un type d’histoire, d’univers, etc… bref une cohérence cohérence globale.
Plus tu veux effacer le MJ, et plus ton jeu doit contenir de procédures (qui fait quoi, qui parle quand, liste d’inspis, tropes de l’univers, tables aléatoires,…) pour remplacer ce pilier/monsieur Loyal/maître de piste, celui qui essaye de maintenir le groupe dans un filet assez serré pour ne perdre ni les joueurs ni la promesse initiale du jeu tout en laissant chacun bouger et respirer à l’intérieur (très variable selon les joueurs). La largeur des mailles du filet, c’est un peu la part de narration/influence sur l’univers que tu laisses aux joueurs (rappelons que moult joueurs ne sont pas à l’aise avec ça, font des banalités, des trucs hors propos, et au final tu te casses beaucoup plus le cul à ramer pour que ça soit un minimum intéressant d’un point de vue histoire, si c’est possible, là où tu aurais pu pondre un truc raccord par toi-même).
Poussé plus loin, ce genre de réflexion sur la procédure, ça peut aussi donner un jeu solo (ou de la génération d’univers, de cartes à explorer style Oltrée,…).
Quand on est passé à Dream askew, c’était le même constat. Le jeu en lui-même ne donnait pas vraiment les moyens de jouer, de comprendre comment ça fonctionnait (j’insiste bien avec le « en lui-même » sans connaissance d’autres pbta etc… ), de lexique lgbt expliqué*, et ne garantissait même pas de créer une fiction qui collerait à ce que le jeu promettait. De là j’ai réécris « l’encadrement » du jeu (ce qui me permettait aussi de diffuser la trad), c’est à dire comment utiliser les livrets, les cadres, etc… en étant très clair que ça pouvait altérer l’expérience. Exactement comme quand tu as appris à jouer avec un MJ dont tu as été le joueur, là je te transmets une version qui me parait plus viable et des clés supplémentaires de prise en main du jeu pour essayer d’arriver au résultat promis. A ce sujet c’était en ça qu’AW était novateur : il avait pour but de transmettre par le biais de l’ouvrage ce qui était auparavant une transmission (plus ou moins bonne) de ce qu’était une partie de jdr par le biais de la pratique avec un MJ préexistant.
*Gros lien avec le jeu sans MJ. Pour pouvoir y accéder il faut que les éléments attendus, les tropes d’un certain type de fiction soient connus de tous. Si tu veux faire du noir, qu’une seule personne s’y connait vraiment autour de la table, que ta procédure n’est pas assez étoffée pour auto-produire ce contenu, alors ça n’est pas forcément ce qui va être créé et une seule personne à la table s’en rendra peut-être compte. C’était souvent mon sentiment quand je participais à un jeu sans MJ genre « on fait pas ce qu’il faut », « c’est pas bon », etc… mais bon je suis connu pour être beaucoup trop critique. C’est là où la répartition de cadres s’ils existent dans le jeu (on peut appeler ça un bornage, des périmètres narratifs) peut être très importante .Dans le cadre de DA si tu files le cadre de l’enclave queer a quelqu’un qui n’est pas concerné, pas curieux, pas respectueux, etc… bah le cadre ne va pas s’exprimer et un pan crucial de la fiction va s’effondrer (autre point intéressant de DA, ce qui doit s’appeler des flags dans d’autres jeux : si pj A fait une action qui aide pj B a exprimer/exposer son livret, alors pj A est récompensé). Tu peux avoir un joueur qui s’y connait en militaire et qui va dépeindre avec brio cette facette d’un jeu (si on ne tombe pas dans les excès du « ah non ça c’est pas possible », là encore la procédure doit penser à ces points là). Tu peux avoir un joueur X qui s’y connait moins bien en ésotérisme que le joueur Y, mais qui est intéressé et le joueur Y, bienveillant, peut au final agir comme un guide pour X (on en revient à la transmission MJ/Joueur)
Après j’ai fait quelques essais avec des résolutions à la DA, pbta, FU, lasers & feelings, OMT, les jeux de Levi Kornelsen, Durance,… Là c’est au final juste une mécanique de passage de la parole/transitions dans la fiction, que tu mélanges avec ton cadrage des procédures. Au final pour moi, tu fabriques pour les autres un jeu sans MJ en essayant d’y intégrer la manière dont tu aurais été MJ si tu avais été là : les points qui te paraissent importants, les questions qui permettraient à un livrets de vraiment s’exprimer, etc… Après j’avais pas de joueurs, pas de playtesters, donc j’ai tout arrêté sur ce plan là du jdr.