Peut-on être un homme, hétéro, cis-genre et original?

D’un côté y-a (le risque de) l’enferment dans une catégorie, tout ça. De l’autre, y-a le besoin de sortir d’un autre enfermement, notamment pour visibiliser une marginalisation, voire oppression.
Et un besoin peut dériver en une sorte d’automatisme qui va trop loin. Dire que tout le monde n’est pas hétéro, c’est important. Les personnes que peut aimer tel individu, en général, on s’en fout. Et même l’individu en question devrait s’en foutre. On tombe amoureux d’une personne, et on ne sait pas de quoi demain sera fait. donc bon…
Perso je suis trans non-binaire. Je le revendique. Je préfèrerais sortir des catégories, mais justement les catégories femmes et hommes sont homni-présentes. Donc oui, on arrête quand vous voulez, mais on arrête tout !
Mes orientations, par défaut, je n’en parle pas, parce que ça ne concerne pas les autres. Une partie n’est pas clairement définie, et ça me conviens très bien comme ça. Alors que mon genre, surtout en français, c’est obligé de l’aborder. Par contre, je dis être trans non-binaire, mais je ne précise pas plus. Parce que le reste ce n’est pas important. ce qui compte c’est qu’on sorte de l’a priori binaire, qu’on me genre (grammaticalement) correctement. Qu’on arrête de me coller des Monsieur ou Madame. Et si je m’en foutais que les gens se trompent et préférais me cacher, ben je ne collerais pas une étiquette. Mais là c’est juste impossible face aux 2 énormes étiquettes homme & femme de ne rien dire. ce serait valider la binarité, et personnellement se tromper. Si on me pense hétéro, je peux répondre que je ne le suis pas, sans me coller plus d’étiquette. C’est un peu ce que je fais avec la non-binarité : je ne suis pas simplement femme ou homme. C’est le minimum. Pareils pour trans ou intersexe, c’est juste dire ce qu’on n’est pas.

Pour le reste si on a besoin de se situer et d’avoir une étiquette à coller sur son genre ou ses orientations, pourquoi pas. En revanche ça n’a, selon moi !, pas d’intérêt sur la place publique.
Vous voulez savoir ce qu’est lithoromantisme ou aporagenre ? c’est bien de s’intéresser de se renseigner. Mais on a pas a mettre ça en avant pour revendiquer l’égalité des droits, ni a demander à tout le monde de connaître tout le vocabulaire et ce qu’il désigne.
Ce que je revendique c’est de considérer les personnes en tant que telles et non en fonction de leur catégories réelles, supposées ou assignées.

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Waow !
Je suis toujours aussi surpris que ce poste ai autant ai autant l’attention de l’auberge. Tout en restant dans un débat super constructif et bienveillant.

Je lis toutes les réponses. Bien que récemment je sois parfois dépassé par certains termes ou certaines réflexions très poussées pour le non initié que je suis. Je m’excuse donc par ailleurs auprès des personnes ayant poussés loin la réflexion, pour mes exactitudes ou ne pas forcément répondre quand je sens ne rien pouvoir apporter.
Comme on dit dans mon métier « Plus silencieux tu es, plus tu es en mesure d’écouter ».

De mon côté, je me suis appuyer sur vos réflexions et celles de mes connaissances pour faire évoluer ma façon de jouer.
Lors de la création ou de l’appropriation du cadre (ou l’univers du jeu) je fais le distinguo entre les cadres fantaisiste et les cadre « inspiré de notre réalité ».

Dans le premier je me permet d’explorer dans modèles sociétales ou maritaux et leurs préjugés.
Et forcé que c’est fun de décrire un magicien subir du harcèlement sexuel d’une fougueuse rodeuse. Ou créer un modèle de société Bi-centré et polygames ou les autres formes de sexualités sont honnis.
Rien n’est réel, tout est permis. (tant que le contrat sociale est béton et que la sécurité émotionnel est en place) On y gagne en exotisme, ça peut dépoussiérer une scénario un peu convenu.
Et si la tablée veut aller plus loin, cela nous permet à la manière de la fable de remettre en question notre société.
Par contre, attention à ne pas mettre le trop le focus dessus. Surtout si ce n’est pas le propos du jeu.
Comme l’horreur, c’est en usant de parcimonie qu’on rend mémorable un événement.
Pour reprendre les mot de @Mat sur un débriefe de macadabre « A force du mettre du glauque et dégueulasse partout, c’est la seule chaise en bois normal qui devient digne d’attention. » (Cette citation est approximative).

Pour les cadres « inspirés de notre réalité », qu’ils soient historiques ou notre réalité avec un mais.
Je fais comme pour les personnages, par défaut ce n’est peut-être pas le propos du jeu.
Donc je passe outre.
Si l’occasion se présente, je propose à mes joueurs d’y introduire le propos.
L’occasion fait le larron, si la tablée trouve intéressant que le sujet soit abordé, en avant !

J’avoue par contre aimer surprendre mes joueurs en m’écartant des convenances.
« Vous avez passé votre temps à chercher à aborder une jeune femme en cherchant a passé par le biais de son petit ami ? Pas de chance, le petit ami en question se révèle être une autre jeune femme. Peut-être que votre cible a du mal à avouer ses attirances. »
Bien que je ne sache pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose.

Pour les personnages, avec l’usage je mets un bémol à ne jamais définir son orientation ou son genre en début de partie.
Cela peut faire partie de son concept. Après tout Geralt de Rive est autant défini par son métier de chasseur de monstre, son état de sorcelleur que son hétérosexualité et son attirance pour les magiciennes.
Actuellement, je prends mon pied à jouer un personnage don le genre est dissimulé.
J’en parle en alertant entre lui et elle, brouille les descriptions, jette un voile sur les conventions autour du genre et ça fonctionne du tonnerre. Les autres personnages peuvent s’en moquer, se poser des questions ou bien activement chercher à avoir la réponse.
Nous constatons que pour l’instant cela pimente nos chasses au monstres.
Un peu comme un personnage haut en couleur dans une bonne série.
Ce n’est pas le contre-exemple ultime. Mais peut être que cela peut vous donner des idées.

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Hey, pourquoi ce ne serait pas le fougueux barbare qui ne sait plus où se mettre quand la magicienne lui fait du rentre-dedans? Faut pas croire, beaucoup de gros machos rentrent sous terre face à une femme entreprenante.
(les magiciens véhiculent bien assez de clichés sexistes comme ça, genre s’ils font de la magie c’est parce qu’ils ont pas d’attributs virils, etc. Mais bon, je pinaille, je pinaille.)

Mon modèle, perso, c’est Xena (vous pouvez rigoler). Elle ne revendique rien du tout (tu l’entends jamais dire « ouin, c’est parce que je suis une femme que tu me manques de respect »), juste elle ne laisse personne lui chier dans les bottes.
Et des fois elle drague des mecs, des fois elle est en couple avec une meuf, bref, elle fait sa vie quoi.

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En effet ! Très bonne idée j’y songerais.
Pour infos, il y avait ce pauvre petit magicien, frêle, timide, seul. J’en ai profité.
Et vu le drama qui a suivit derrière, j’ai eu raison ^^

PS: Bon sang !!! La semaine prochaine c’est les un an du sujet !!!

Ah ouais complètement! Dans mon setting D&D j’avais mis une fossoyeuse naine borgne qui avait les mains baladeuses et un goût prononcé pour les fessiers de ses messieurs nains.

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« une naine aux mains baladeuses avec un goût prononcé pour les fessiers des messieurs »
Cette catégorie colle beaucoup trop à ma réalité, et ce n’est pas à moi que je pense quand je dis ça XD

Un perso harceleur, quelque soit son sexe, c’est assez bof quand même… :face_vomiting:

Ca dépend de la table.
Je doute que faire disparaitre un archétype nocif de nos fictions, les fera disparaitre.
Ce qui bien dommage.

Les faire disparaître n’est pas le but.

Mais ce qui est bien en jdr, par raport à la réalité, c’est qu’on peut choisir qui//quoi est joué.

Donc en effet, ça dépend des tables…

F.

En effet, pour ma part je suis partisan de mettre les sujets sur la table.
Car je me méfie terriblement des effets insidieux des tabous.
Mais tu as raison. Ça peut déranger. Ça peu choquer.
Pour moi la meilleure option c’est la sécurité émotionnelle.

C’était fait dans une ambiance potache et je n’ai pas appuyé dessus mais oui c’est un personnage gênant sur ce point de vue. Le fait que ce soit une femme en fait surtout un archétype inversé ce qui passe mieux. De manière générale je n’aime pas trop lisser mes scénarios mais faire en sorte que ça soit bien géré par les joueurs.

Hello,
Sujet intéressant et très typé de notre époque et de notre société. Clairement, seuls les jeux se déroulant au début du 21e s. verront des personnages se positionner sur le sujet. Mon intervention préférée reste celle d’Arguil (sa plus longue et explicite sur l’aspect activisme).
De fait, comme souligné quelques fois tout dépend des tables, des discussions entre participants, et des jeux.
Alquen a bien introduit ce sujet avec la problématique des classes sociales. Le jdr peut être l’occasion de réflexions morales/éthiques mais cela dépend de la culture des participants, de leur âge, de leurs connaissances. Ce peut être l’occasion de questionnements et presque d’éducation, collective, sur ces sujets, mais aussi d’interprétation de rôle. Une jeune table aura probablement du mal à jouer ces problématiques, hésitant, soumis à la pression sociale de notre époque. Une table de vieux et vieilles routard-e-s pourra utiliser de clichés racistes, xphobes, etc. On se délecte du jeu d’acteur de Jack Gleeson interprétant l’ignoble Joffrey, car le drame, l’épique même parfois, nécessite de tels personnages, tout comme un jdr d’horreur comme Chtulhu ou même Vampire, implique des monstres, des situations infâmes, terrifiantes. Les héros ne sont bons et courageux qu’à affronter de telles situations qui les valorisent. Mais ce n’est, potentiellement, pas au seul MJ de créer cette dramaturgie. Les joueurs et joueuses peuvent ouvrir à la complexité des individus réels plusieurs fois évoquée ici (l’homo commerçant de droite m’a fait bien rire :wink: ). Des héros peuvent devenir plus complexes, avec des défauts plus ou moins importants (alcoolisme, violence, élitisme social, racisme, etc.), tout cela en fonction du contexte du jeu, de l’univers.
Mais cela demande des participants qui se connaissent, peuvent discuter, et ont un niveau de distanciation critique qui le leur permette.

Pour ce qui est de jouer juste… Les vrais humains jouent-ils toujours si justement leur rôle dans la vraie vie ? Avec, eux aussi, leur part de surjeu, de changement d’opinion ou de comportement, etc. ? Donc oui, jouer un ‹ être › quelconque, c’est surtout jouer avec toute la complexité qu’on est en mesure, soi, de penser. Ce qui s’applique à tout ! J’ai ainsi pour ma part moins de difficulté à jouer la féminité d’une magicienne que ses 18 d’intelligence… :exploding_head:
Effectivement jouer un centaure, un personnage vieux de plusieurs centaines d’années, etc. me semble bien plus difficile en terme de « réalisme ». Et même parfois, jouer ne serait-ce qu’un père de famille lorsqu’on a jamais été père, un monarchiste lorsqu’on est démocrate, un croyant lorsqu’on est athée et sans connaissance religieuse… beaucoup de choses semblant ‹ simples ›, me semblent en fait plus difficiles que de jouer un autre genre ou une fluidité.

Jouer en jdr veut toujours dire se projeter avec une grande part de surévaluation de nos capacités à comprendre le personnage. Et on l’a dit, surtout dans le cadre de contextes totalement différent. La référence au sexisme n’a aucun sens dans la majorité des jeux. Soit parce qu’une société qui n’a pas connu le monothéisme avec un dieu ‹ père › aura des conceptions très éloignées, soit parce qu’il serait peut-être problématique de jouer un-e queer ultra libérée et socialement valorisée et en vue dans l’Angleterre victorienne par soin d’affirmative action révisant l’histoire, sauf à ce qu’il s’agisse d’une uchronie… mais alors très uchronique !

Et quid des trans dans un monde medfan ou le changement de sexe par un sort est possiblement monnayable ? Et pour un changement total ! Le genre en devient de peu de préoccupation.
Mais c’est d’ailleurs même la médecine qui est renvoyée au bac à sable lorsqu’un sort peut faire repousser des membres, guérir en quelques minutes les plaies les plus graves. et changer un physique en un claquement de doigt…

Le genre dans le jdr me semble donc possiblement une problématique entre joueurs et joueuses, dans la pression sociale actuelle sur le sujet, bien plus que de personnages et d’interprétation.

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