Background, univers émergent et pbta

Bonjour à tous,

Un nouveau sujet pour débutant en pbta :wink:

Imaginons que je sois séduit par un pbta (AW par exemple) et qu’en même temps, je sois séduit par un univers qui pourrait être propulsé par ce jeu sans trop de difficulté, mais qui contient une bonne dose de background d’univers. En gros, j’adapte un roman, une série, ou, dans mon cas, un autre univers de jeu de rôle au système foireux.

Or, j’ai l’impression, peut-être à tort, que la bonne pratique en pbta est de :

  • ne rien préparer, “plus tu prépares, moins tu t’amuseras”
  • laisser les joueuses inventer l’univers, car “tout doit être émergent, Nico !”
  • considérer que “le fluff c’est de la merde” :wink:

J’imagine que ce sont des postures un peu extrêmes et qu’il doit y avoir moyen de faire du pbta avec un background riche. Mais je n’en suis pas certain à 100% et j’imagine que les postures ci-dessus, même si elles me paraissent extrémistes, ont une bonne raison d’exister.

Quels conseils donneriez-vous ?

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A titre personnel, et je ne suis pas certain de faire ça de la bonne manière, je fixe dans ce cas le contexte propre à l’univers que je veux faire jouer histoire que tout le monde soit d’accord sur le sujet. Éventuellement je fais des livrets personnalisés, éventuellement des actions et des principes quand ça me parait impactant. Et ensuite tout le déroulé de la partie de la création des joueurs se fait toujours de manière traditionnelle mais à l’intérieur de ce cadre.

Disons qu’en regardant les jeux dérivés de DW qui implémentent un univers ou les contextes de The Sprawl, ça m’a paru un truc faisable…

Avoir un monde créé de base, ne devrait pas poser problème. Même quand tu joues dans un “setting” bien établit, il est rare que la table connaisse l entièreté du monde. Et souvent, un setting sert de guide à l imagination.
Tu pourrais prendre le système pbta qui se rapproche le plus de ton livre et établir quelques “bullets points” pour etablir ce qui fait le noyau du monde dans lequel tu veux jouer. ^^

Exemple:
Pbta: Apo World
Setting: Last of US.
*parasite végétale zombifiant.
*Enclave humaine, tyrannie.
*Nature à repris ses droits sur le paysage.
*Firefly: activistes

Voilà, j espère que ça peut t aider.

Tes points 1 et 3 sont plutôt faux, en tous cas exprimés comme ça.

  • il est possible de pratiquer de nombreux pbta avec une préparation minimale voire inexistante, mais c’est comme partout, une bonne préparation sert la qualité de la partie. Par contre la nature de la préparation se doit d’être “différente” dans la mesure où elle doit éviter les contingences, les scènes scriptées et “laisser des blancs” (ce qui rend compliquée l’utilisation d’univers “canons” à la Star Wars)

  • Le fluff est aussi important que partout ailleurs, c’est ce qui insuffle vie et authenticité dans l’univers. Par contre le système te demande de te concentrer sur le fluff que l’on peut actionner, celui qui créée de l’enjeu, des péripétie, explique les motivations, les destins, etc, tout ça pour créer du jeu à la table (et non pour avoir de quoi lire lorsque tu t’endors).
    Constituer un “lore”, une mythologie en cours de partie (ou pointer du doigt les éléments du setting existant qui nous intéressent, ceux qu’on veut développer et explorer) est crucial si on veut jouer dans la durée.

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Avec AW, je conseillerai, au moins pour sa première campagne, de ne rien préparer.
La “préparation” ce fait, en vanillia, après la première partie.Tu passe 30 minutes à lister tes fronts et poser des questions ouvertes sur un papier brouillon à partir de se que les joueurs (toi compris) ont inventé lors de cette fameuse première partie.

Je conseillerai aussi, pour ta première campagne, de faire confiance au jeu et de ne venir avec aucun fluff.

Après très naturellement tu vas, lorsque tu as la main, intégrer tes sources d’inspirations. Ce n’est pas la même chose si tu présente à tes PJ des adversaires cagoulés de cuir avec des mohawk ou des gars en uniformes militaires rapiécés, avec une écaille de dragon en guise de plastron (Reign of fire je t’aime d’amour)…
Donc pense “touche impressionniste” que gros pâté de background.

Mais… Une fois que tu as le jeu bien en main évidemment que tu peux typer plus clairement ton setting d’apoworld. Ce n’est pas pour rien qu’il y a des hack qui sont des reskin comme Monster of The Week, ou Dark Age Apoclaypse.

Dans ce cas il faut clairement poser la couleur à des joueurs, que ces derniers soient d’accord pour jouer avec les mêmes références. Si tout le monde connait et aime Walking Dead cela aide pour garder le cap. Cela demandera certainement un ou deux custom move précis. Genre “lorsque tu te fais mordre par un zombie, lance 2d6+Zarb”.

Pour ma part j’ai une fois lancé une table d’Apo World avec comme référence commune, Akira… Donc la majorité des PJ ont crée des perso très orientés… Un Biker Yakuza et sa bande de motards ou un prophète, vielle mamie ridée qui cherche à aider les enfants mutants par exemple…
Le décors étant une ville ravagée par une explosion nucléaire…
Des que j’ai eu la possibilité j’ai commencé à balancer sur la table un enfant mutant mutique avec de fort pouvoir Psy et des gangs de motards à face de clown, mais on s’est aussi retrouvé avec une centre hospitalier avec une IA folle (qui s’invita par le maëlstrom psychique)… Mais en soit ma préparation se résuma à trouver des images de décors pour coller à l’ambiance recherché… basta. 30 minutes pas plus de préparation.

Pour moi un ingrédient essentiel pour une recette qui fonctionne c’est l’intérêt (faute d’un mot plus explicite).
Si tu as une idée pour un settings que tu souhaite exploiter, tu peux en poser les bases et laisser les joueurs alimenter les blancs, en quelques séance tu auras eu plein de nouveau coin sympa auquel tu n’auras pas pensé autour de ton idée de base.

Ou alors tu peux aussi fonctionner sans settings mais en donnant un “Thème” pour le worldbuilding : “Civilisation versus Nature”, “La croisade Nomade”, “La mort de la Chevalerie”, etc

Il y a des pbta avec settings (Blade in The Dark par exemple, qui est même assez lourd comme settings),
Il y a des jeux classique sans settings prédéfini ou l’on fait du world building (Dragon de poche par exemple)

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BitD (dont certain diront que ce n’est pas un PbtA, mais ce n’est pas le débat) est un exemple unique dans son genre.

Il a certes un BG important mais c’est l’exemple le plus parfais que j’ai lu de BG impactant, mais totalement digeste. Les factions étant décrites juste se qu’il faut pour être évocatrice, mais de manière suffisamment impressionniste pour que l’on puisse en faire se que l’on veut avec. Se qui permet de découvrir ou redécouvrir la même faction à chaque nouvelle campagne selon des approches très différentes.

Pour moi c’est juste un des meilleurs setting de JDR, avec la meilleurs présentation qui soit. Un exemple à suivre encore et encore.

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Non. Ce n’est pas de la merde, c’est que la plupart des vieillards ici doivent élever des gosses, avoir des responsabilités professionnels et dîner chez leurs beaux parents le dimanche midi. Ils n’ont juste pas le temps de lire 500 pages de background ultracompliqué.
Et vu qu’ils en ont déjà lu pendant une dizaine d’année pendant leur jeunesse maintenant perdu, c’est assez facile pour eux de sortir du background orignal par collaboration. :slight_smile:

Qu’est ce que tu dis ? Ah ça c’est sur les jeunes aujourd’hui ils n’ont plus d’imagination !
Alors que nous avec trois planches et une ficelle ont faisait le Millenium Condor !

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Sûr qu’à la grande époque du World Of Darkness, nous jouons avec du fluff type “trois planches et une ficelle”. :japanese_goblin:

Il suffit, comme l’a fait @Volsung, de mentionner Night Witches pour contrer cette idée reçue.
Ceci dit, c’est en effet dépendant de la table. Au passage, les remarques de @Boulash sont très justes.

Je suis un grand fan de l’émergence de la fiction (du fluff si on veut) au moment où la question se pose et pas avant. On a tendance à figer a priori l’univers (et ça se justifie quand on doit pondre un bouquin de 400-500 pages et qu’on est payé au signe hein), mais on se rend bien compte que c’est pas le plus intéressant. @Acritarche emploierait ici le terme de haut potentiel ludique, je pense :wink:
On le voit dans l’OSR et dans les PbtA: le but c’est de fournir une base sur laquelle les joueurs pourront construire leurs propres développements, et éventuellement d’avoir des éléments, souvent modulaires, qui peuvent se rajouter à la fiction ou au moins servir d’inspiration. Mais quelque chose d’ergonomique et de facilement exploitable pour le MJ, d’un coup d’oeil (d’où par exemple, les “impressions” d’un Dungeon Starter pour DW, au lieu de 10 pages rédigées onc imbitables, à moins de l’apprendre par coeur, de fluff).

Donc, on peut préparer des situations, certains PbtA sont d’ailleurs plus lourd en terme de prep que d’autres (dans cette catégorie on trouve MotW ou The Sprawl par exemple) mais on ne prévoit pas des enchaînements et on ne prévoit pas ce que vont faire les PJ. Ca, oui.

Mais on peut construire l’univers avec les joueurs et, en pratique, on fait souvent une session de worldbuilding ou un début de première session avec une phase de worldbuilding, mais en vrai, c’est pas trop “by the book”. Mais c’est pas grave de pas faire tout bien comme ce qui est dit dans le bouquin hein :slight_smile: Normalement, on n’est pas censé faire de worldbuilding stricto sensu et on doit plutôt suivre les PJ. L’univers devrait émerger petit à petit, en posant des questions et en les suivant durant leur première journée.
Après, on joue comme on aime et il m’est arrivé de dire sur une campagne d’Apocalypse World: “ok, on va jouer dans un vaisseau spatial et vous vous réveillez de cryostase et le Maelstrom psychique c’est le réseau d’IA du vaisseau” ou “ok on va jouer dans un train qui roule sans arrêt, dehors c’est un hiver permanent, un froid meurtrier. Vous avez vu Snowpiercer? Génial, bon bah, vous voyez de quoi je parle. Dans quelle classe vous vous trouvez du coup?”, etc. Et donc de poser des briques obligatoires pour l’univers. J’essaie juste de poser quelques contraintes qui permettent de fournir une base intéressante, mais pas non plus d’en poser trop, sinon ça figerait tout et on ne ferait que “rejouer” quelque chose de pré-existant (l’oeuvre de fiction qui nous a inspirée par exemple) et ça n’aurait aucun intérêt.
Evidemment, selon les livrets qu’on va avoir à la table, ça va favoriser l’émergence de certains aspects plutôt que d’autres et nous permettre d’explorer des sujets qui n’ont sans doute pas été abordés dans l’oeuvre de fiction de référence.

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:metal:

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Le background c’est pas gênant (ça peut même être une bonne source d’idées pour les joueurs) tant que ça ne bride pas l’imagination et l’émergence d’arcs scenaristiques (néologisme, je suis pompette c’est le week-end).
L’idéal c’est que ça donne une tonalité suffisamment claire pour tous les joueurs (j’aime bien le terme d’impressionnisme évoqué plus haut), sans pour cela le empêcher de lancer des pistes d’histoire. Il n’y rien de pire qu’un setting dans lequel seuls ceux qui ont avalé 15kg de background se sentent à l’aise tandis que le MJ est obligé sans arrêt de recardrer ceux qui ignorent que l’on ne doit pas boire son koks sans striker avant.

Merci à tous pour vos retours, comme toujours, très instructifs !

Je précise juste que la mention de “la bonne pratique en pbta” dans mon premier post n’est pas mon point de vue, mais celui que j’ai pu lire à droite et à gauche. Ce n’était pas non plus la voix dominante, juste des postures qui m’avaient marquées et interrogées. :wink:

Le setting que je veux adapter a un background très structurant pour l’histoire. Tout est expliqué : le “Maelstrom”, l’organisation de la société en tribus autour de divinités faites chair, les domaines de prédilection de chacune, les guildes, les vilains, l’extérieur, pourquoi ça part en sucette… le tout dans une toile où tout totalement lié donc compliqué à faire partir dans un sens totalement imprévu.

Suite à vos retours, je vais tenter de le réduire au minimum le fluff à ce qui a le plus de potentiel ludique. J’aime bien le principe de mot-clés ou tags pour décrire un lieu, une faction en très peu de termes, par exemple, ce qui permet d’apporter la touche impressionniste dont @Mat et @Khelren parlent, en laissant de la place aux joueuses pour faire naître leur vision de ce setting. Je vais essayer de représenter tout ça en un schéma ou deux, histoire que ça soit pratique à utiliser. Et puis faire le tri dans 25 suppléments pour en faire 2 schémas, le défi de simplification m’amuse d’avance :metal:

Je vais aussi essayer de mélanger ces éléments dans la création de perso et dans les playbooks avec des mécaniques liées à ce background (tout le monde a accès à une facette du Maelstrom, il y a des liens avec les factions en place, les PJ ont une raison d’être là et d’agir liée à la problématique de l’univers de jeu…).

Je note également de bien penser à la trinité Agenda, Principes, Moves du MC pour lier la sauce… et aux références culturelles pour aider à s’imprégner. Et au contrat social aussi (je créerai sans doute prochainement un sujet là dessus pour avoir vos avis).

Comme certains lieux sont bien établis (le jeu se joue sur les ruines de Montréal et ce n’est pas anodin), je vais sans doute juste délimiter de grands territoire en indiquant quelque lieux notables, laissant la place à en faire émerger d’autres (dire que j’ai passé des heures à placer la centaine de lieux connus sur google earth en interprétant les descriptions des PNJ car je savais que c’était basé sur notre monde…amusant mais quelle perte de temps :grin:)

Mais avant tout ça, je vais essayer de faire tourner quelques pbta by the book pour me faire la main… parce que rien ne remplace la pratique :slight_smile:

Et lire BitD parce que j’avais déjà envie de le lire et que maintenant vous m’avez donné encore plus envie :grin:

Si ça peut t’aider, voici des questions orientées que j’ai posé dans mes deux derniers bacs à sable. A chaque fois, si de nouvelles questions apparaissaient par les réponses des joueurs, je reposais une question orientée au suivant.

Ironsworn Plagues
• Quel était le nom de la colonie impériale où à commencer la Grande Ruine ? Qu’avait-elle de spécifique ?
• Qui était Hildegunn sa fondatrice ? Pourquoi a-t-elle quitté le Vieux Monde ?
• Qu’était l’Empire ? Qu’est ce qui a fait sa prospérité ?
• Comment a-t-il résisté à la Grande Ruine ?
• Deux grands alliés de l’Empire ont eux aussi survécu à la Grande Ruine, qui sont-ils ? (oui, je ne l’ai pas encore posé celle là :stuck_out_tongue: )
• Pourquoi maintenant les relations sont-elles ambiguës ? (celle là non plus :innocent: )
• Quelle fut le dernier message que la colonie a transmis à l’Empire ?
• Pourquoi le fer est-il devenu sacré ? En quoi protège-t-il de la Grande Ruine ?

Sundered World Citadelle
• Vous êtes un habitant de Citadelle, une île volante, qu’est ce qui fait sa prospérité ?
• En quoi est elle merveilleuse ?
• Ce fut la confusion pendant la chute, qu’est ce que vous avez vu ?
• Des mystères et des secrets se cachent dans les profondeurs de la ville. L’un d’entre eux vous est familié, lequel et pourquoi ?
• Que faisiez vous avant la chute ? En quoi se fut déterminant pour la survie du groupe ?
• Vouss étiez là lors de l’une des premières rencontres avec les indigènes mais un incident a eu lieu. Que s’est-il passé ?