"Braunstein" - Les Racines du Jeu de rôle

Braunstein: Les Racines du jeu de rôle” est un article écrit Ben Robbins qui lors de la GenCon 2005 est partie à la chasse aux histoires. La cible ? “Braunstein” connu de peu d’initié pour avoir été la toute première partie de jeu de rôle jamais donné.

C’est en traquant le premier proto-player “Dave Arneson” (créateur de Blackmoor campaign) et le premier MJ “Major Wesely” que Ben collecta l’histoire de “Braunstein”.

J’ai découvert ce morceau d’histoire sur ce loisir que j’adore, il y a peu de temps et j’ai découvert que même les baroudeurs du JDR avec qui je traine ne la connaissais pas.

Ils avaient entendu parler de Chainmail et Blackmoor Campagne mais pas de la partie de Wargame qui les précéda.
Du coup me voilà essayant de partager une traduction de l’article de Ben ici, avec vous.
Ceux qui me connaisse un peu savent que j’ai du mal à faire des posts “court” ou “digeste” sur l’auberge et j’ai peur que celui ci ne fasse pas exception !
Néanmoins bonne lecture à tous.

(Pour ceux qui souhaiterait lire l’article dans la langue de shakespeare c’est par la que ça se passe : http://arsludi.lamemage.com/index.php/104/braunstein-the-roots-of-roleplaying-games/
Merci à lui d’avoir traqué cette histoire sur ce loisir qui nous est tous si cher.)

Braunstein: Les Racines du jeu de rôle

En 2005 Ben Robbins se tenait près du stand d’enregistrement à GenCon, feuilletant gaiement le catalogue d’évènement se demandant quoi faire en premier. Ben s’était déjà fait une petite liste sur internet mais en parcourant les pages, il vu quelque chose qu’il avait raté: Braunstein.

Ben avait une idée un peu flou de ce qu’était Braunstein et poussa son groupe à extrémité de la convention dans une pièce toute calme avec très peu d’auditeur.

Il s’est assi et à écouter.

Ce qui l’a poussé ? Ben savait que Braunstein était la toute première partie de jeu de rôle jamais donné.

La plupart des joueurs n’ont jamais entendu parlé de Braunstein, vous trouverez un large cercle de joueurs qui connaissent D&D et dans ce cercle ceux qui connaissent Greyhawk, puis dans ce cercle ceux qui connaissent ce qu’est Blackmoor, et enfin au centre de ce cercle minuscule les gens qui ont entendu parlé de Baunstein. Et pourtant Braunstein est le l’arrière-grand-père d’eux tous.

Major Wesely: Le premier Maitre du Jeu

“Un colonel d’une unité de Lancier Français.
Son unité est dissimulé en dehors du plateau en (B). Il a infiltré la ville en vêtement civile pour sonder les défenses et a été arrêté pendant une manifestation étudiante la nuit dernière.

Il commence en prison.”
–Braunstein 1

Il était un fois le jeu de rôle sur table signifiait wargame. Les jeux de rôles n’existant pas encore.

Les wargamers se rencontrait pour de fameuse bataille, recréant les derniers moment de Acre ou la charge de Crecy et cherchait à vérifier si avec suffisamment de technique et tactique astucieuse le cours de l’histoire pouvait être changé.

Major David Wesely pris son groupe habituel de wargame et essaya quelque chose d’un peu différent. A la place de donner aux joueurs le commandement des armées, il plaça les dirigeant de chaque armée dans une ville Prusse avant la bataille, leurs troupe proche mais pas en position. Pour donner aux joueurs quelque chose a faire avant la bataille il leur laissa contrôler d’autre personnage en ville : Le maire, le directeur d’une école, quelque étudiant révolutionnaire, etc.

L’humble ville était l’éponyme Braunstein, “Pierre marron” en allemand.

Avec ce petit changement, jouer votre personnage au lieu de déplacer des armées Major Wesely et ses joueurs firent un pas vers le Roleplay.

Major Wesely était pas encore Major à l’époque, et on ne l’appelait pas MJ non plus, car les MJ ou les MD n’existait pas encore. Mais pourtant c’est exactement ce qu’il était — Le tout premier Maitre du Jeu.

Essaye, encore et encore

Si vous sautiez dans une machine temporelle et demandez au Major comment se déroula la première partie de Braunstein, il vous aurait répondu que ce fût un échec total, un bordel sans nom.

Dans ce qui allait devenir bien familièrement connu de tous les MJ qui viendraient après lui, il avait préparé une partie et imaginé une certaine direction pour le jeu. Mais une fois que les joueurs se furent emparé du jeu, l’enfer se déchaîna sur le la table.

Des gens qui couraient dans toutes la salles à faire des meetings secret dans les coins sombre, planifiant des choses dont le Référent ignorait tout — un chaos total. Le cauchemar d’un référent.

Pourtant a sa grande surprise, les joueurs en demandèrent encore. Ainsi soit il, pensa le pas-encore-major Wesely ! Mais cette fois il y aurait de l’Ordre !

Et encore une fois créant un précédant pour tous les MJ de la génération future, il ferma d’une main de fer les vannes de ce qui (pour lui) avait ruiné son jeu.

Contrôlant précautionneusement les interactions entre les joueurs ! Limitant les communications ! Éliminant ce qui avait fait la joie des joueurs.

Les deux parties suivante de Braunstein furent servies avec une bonne dose de grincement de dents. Les joueurs ne s’amusaient pas. Ils regrettaient la liberté de la première partie.

Et alors toujours-pas-Major Wesely prépara Braunstein 4. Il déplaça la zone dans une dictature tropicale, compléta avec une police secrète, des ministres du trésor corrompus et le grand leader “El Hefe” lui même — une république bananière clé en main.

Sur le papier Braunstein 4 avait l’air d’un jeu de wargame. La plupart des joueurs controllaient des unités (l’armée, la marine intérieur, la police secrète) et remplissait des ordres de missions pour déplacer les unités à chaque tour. Vous voulez prendre le contrôle de la station d’émission radio ? Envoyer les troupes !

Et cela aurait pu rester tel quel, excepter pour l’incontrôlable joueur: Dave Arneson.

Dave Arneson: Un joueur Ex Nihilo

“Révolution pacifique. Gagnez des points pour imprimer et livrer des tractes à chacun de vos révolutionnaire, et plus encore si vous les distribuez aux civiles (qui peuvent être des agents ou des guérilleros bien sûr…). Commencez en B-4”

–Braunstein 4, Banana Republic

Quand vous commencez à jouer vous lisez tous ces livres, et ils vous disent ce que, en tant que clerc ou voleur ou elfe, vous êtes capable de faire. Vous choisissez votre personnage et vous vous baladez en prenant une voix marrante. Mais tôt ou tard vous allez réaliser que les règles ne définissent pas le jeu, votre imagination qui est le moteur de tout ça.

Que ce passerait t’il alors si vous n’aviez jamais lu aucun de ces livres ? Si personne ne vous avait jamais expliqué ce qu’était le roleplay ? Auriez vous été un assez “bon” joueur pour devenir un “joueur” sans connaître ce que c’est que “jouer” ? Auriez vous pu comencer à être un joueur sans personne pour vous guider ?

Dave Arneson, oui.

Il a menti, triché, amadoué, improvisé, jouer son personnage complètement. Il est arrivé à la partie avec une fausse carte d’identité de la CIA qu’il avait fait lui même, et lorsqu’un autre joueur le “capturait” et cherchait ses objets de valeurs il pouvait sortir son badge.

Les autres joueurs bougeaient encore les pièces du jeu sur le plateau et donnait des ordres comme dans un wargame pendant que Dave Arneson faisait des cercles autours d’eux changeant le scénario lui même.

Il était en train de gagner uniquement grâce à son roleplay.

Vous pensez peut être que Dave Arneson était l’un des parrain des “Meneur de jeu” mais bien avant ça il était le parrain des “Joueurs”. Il était littéralement, Le Proto-Player.

Joueur Moderne : C’est pas aux vieux singes qu’on apprend à faire des grimaces

Wesely déclare à sa table : “Vous gagnez des points de victoire en distribuant les tractes révolutionnaire, vous en avez tous une pleine mallette”

Bien plus tard, ayant réussi à convaincre les joueurs qu’il est vraiment, peut être, un agent de la CIA sous couverture le personnage de Dave Arneson monte discrètement dans un hélicoptère.

Quelque centaines de mètres plus bas, des soldats de plastiques luttent contre des jetons de civils innocents et d’émeutiers mécontents.

Sur ses genoux la mallette contenant les tractes révolutionnaire.

Dave : “Je gagne des points en distribuant les tractes, c’est ça ?” Et avec un large mouvement il secoue énergiquement sa mallette éparpillant les rames de papier par le hublot de l’hélicoptère qui se dispersent sur toute la ville.

Score final : Dave Arneson, beaucoup de milliers de points.

Oui bon, “bravo” /slow clap c’est bien beau me direz vous…

Nous les “gamer modernes” nous avons des jeux indépendant et des story games avec du contrôle narratif et yaddi yaddi yadda.

Oui. C’est un fait. Mais regardez de plus près : Dave était en train de gagner la partie uniquement avec son roleplay. Il n’a pas fait de combat tactique ou suivie une quête linéaire.

Il a, littéralement, changer les règles en jouant, c’était un excellent joueur qui a “Fait le jeu”.

Lisant entre les lignes et s’appropriant les zones grises et flou qui laissait de la place pour la créativité.

Les jeux modernes semblent toujours pousser le jeu vers des territoires nouveaux mais également regagner d’anciens territoires. La terre de leur ancêtre.

Si vous êtes un “indie gamer” les “Titans old school” comme Dave Arneson et Major Wesely valent un coup d’oeil.

Ils ont essayé quelque chose de nouveau qui n’avait jamais été fait avant.

Sans histoire, pas de sens.

Qu’est il arrivé après Braustein 4 ? Major Wesely est allé faire son service militaire et Dave Arneson a commencé son propre “Braunstein” dans un petit coin d’imaginaire appelé “Blackmoor”. Il envoya ses joueurs dans des donjons. Résoudre des combats il utilisait un système de règle pour figurine appelé “Chainmail”. Et le reste est connu de l’histoire.

Mais alors pourquoi Major Wesely n’est pas resté en contact dans la communauté des RPG florissante ?

Le Major en revenant de son service a perdu son intérêt pour ce qui était passé d’une “situation réel” (Braunstein) à des batailles fantastique contre orcs et géants de glace (D&D).

Le wargame étant un examen d’une situation historique réelle, la fantaisie lui semblait sans intérêt.

Comment en apprendre plus sur notre monde en jouant à un jeu peuplé de Lézard cracheur de feu ?

A votre tour !

Ce récit à été difficile à mettre en forme, car quelque soit mes efforts, cette histoire est toujours en partie fiction.

Ce sont des souvenirs raconté par d’autre qui concerne une partie de wargame qui c’est déroulé il y a plus de 40 ans…

On est probablement encore loin de la vérité historique, mais je pense que nous sommes proche de l’essence de la vérité.

Les erreurs d’interprétation sont les miennes seules, par celle du Major, qui est quelqu’un de clair et précis et incroyablement passionnant à écouter. On peut également avoir l’impression que Dave Arneson était le joueur unique de cette partie, ou le seul “bon” joueur mais bien sur c’est ridicule. Comme toute histoire il y a d’autres versions qui ne peuvent pas être résumé et assemblé si facilement.

J’ai choisi cette version de l’histoire, mais c’est un choix qui m’est personnel.

Et vous ? Que feriez vous ? Qui iriez vous voir ? Allez à la GenCon ou toute autre convention cette année !

Traquez votre Major Weseley ! Faites les sortir de leur trous ! Appatez les avec saussisson, bière et autres bouffe de convention !

Forcez les à vous raconter leurs histoires ! Mettez votre chapeau d’historien.

Car au fond ce sont des joueurs comme vous. Payez leur une bière emmenez les à dîner ou harcelez les dans un couloir sans issue !

C’est une expérience, recevoir le flambeau du jeu et le transmettre aux nouvelles génération.

Les mémoires de Braunstein :



http://arsludi.lamemage.com/static/braunstein/braunstein1-characters.html
http://arsludi.lamemage.com/static/braunstein/braunstein1-map.html
http://arsludi.lamemage.com/static/braunstein/braunstein4-characters.html
http://arsludi.lamemage.com/static/braunstein/braunstein4-notes.html

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Un excellent article et une très chouette histoire.

L’article date de 2008 et relate son expérience à la GenCon 2005. Dès lors, je ne comprends pas pourquoi tu parles de la GenCon2018. D’autant que je me souviens d’avoir lu l’article dans sa version originale en 2011 ou 2012 (juste avant que je ne me lance dans la création des Terres barbares).

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Parceque j’ai laissé une coquille !
Merci pour la relecture @Acritarche :wink:

Article intéressant !
Je partage néanmoins le point de vue de Gildas Sagot dans son ouvrage sur le JDR de 1986, disant que le jeu de rôle vient des histoires racontées au coin du feu et le “on dirait qu’on serait” des enfants. :slight_smile:

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Oh je pense aussi que le jeu de rôle est né du conte.
Tu me fais réaliser que l’article aurait été mieux nommée si on parlait de chaînon manquant @Jayke :wink:

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Ça c’est de l’archéorolisme !
Merci pour cette traduction et cette découverte.

Si le jdr était né uniquement “des contes au coin du feu” la place prépondérante de la mécanique et les recherches ludiques sur le sujet n’aurait pas autant d’importance dans le jdr.

L’importance du wargame et donc de la règle, est tout aussi centrale dans l’existence de la pratique.

Depuis plus de 10 ans il y a une volonté de repenser la base mécanique du jdr et de s’éloigner du wargame pour aller vers le conte encadré par des règles. Se sont justement ces mêmes règles, qui pour moi, créer une vraie différence entre “conte au coin du feu” et JDR. Accepter de donner une place à l’aléatoire dans le déroulement de l’histoire et accepter la présence de l’auteur, qui par la mécanique qu’il a créé, va orienter la fiction vers une pratique et une narration encadrée, change complément de l’esprit du conte au coin du feu.

Donc, pour moi, il y a deux pratiques qui existaient indépendamment l’une de l’autre : “le conte au coin de feu” et le wargame. C’est l’alliance des deux qui a crée le jdr. L’envie de se raconter des histoires encadrés par une mécanique devant idéalement augmenter le sentiment d’immersion. Soit parce que la mécanique va permettre de “simuler” une réalité physique comme dans les wargame (sensé donner plus de “réalisme” à l’histoire), soit parce qu’elle va encadrer la fiction de manière à nous garantir une ambiance ou une esthétique promise et attendue.

Il me semble donc qu’aucune des deux pratiques initiales ne soient plus prépondérantes que l’autre dans la genèse du jdr.

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Awww ce @Mat !
Il a toujours le mot juste !
Je suis content que cet article est créé des réactions ! (Je le voyais mourir dans un coin)

Ce qui m’a touché dans l’article se sont les réactions du Major. Qui est passé par toute les phases de doute et de remise en question (et les erreures) qu’un maître de jeu traverse.

La leçon du “essaye encore” est quelque chose de très fort pour moi.
Remise en question, changement de perspectives, nouvelles tentative, nouvelles idées, l’échec est une marche qu’il faut gravir.
Et de voir que déjà en 1970 c’était comme ça c’est une source de motivation :slight_smile:

Élévation héroïque cheveu-zo-vents

Inventez ! Sortez des clous ! Libérez vous ! Assumez vos choix ! Developpez vos idées ! Notre loisir évolu comme ça !

voix en contrebas Pierreuh ! Tu vas descendre de cette estrade et arrêter de gueuler des trucs maintenant ! Yen a qui aimerait dormir bordel !

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S’il faut rapprocher le JdR d’une autre pratique que le wargame, c’est bien de celle-là.
Car finalement, ce jeu est bien une suite de propositions que tous les participants valident pour qu’elles deviennent vraies dans la fiction. Et en se distribuant des rôles.
Enfants, nous faisions du freeform sans le savoir !

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Et, adultes, tout le monde continue ça sans le savoir par le fameux “à ta place, j’aurais…”. Tout le monde fait du jeu de rôles, c’est un processus cognitif naturel. Nous on le pousse juste un peu plus loin que les autres, c’est tout :wink:

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Merci @Pierreuh pour le partage et la traduction de cet article !

J’aime cette observation de Sartre :
« Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop d’empressement, sa voix, ses yeux expriment un intérêt un peu trop plein de sollicitude pour la commande du client, enfin le voilà qui revient, en essayant d’imiter dans sa démarche la rigueur inflexible d’on ne sait quel automate, tout en portant son plateau avec une sorte de témérité de funambule […]. Toute sa conduite nous semble un jeu […]. Il joue, il s’amuse. Mais à quoi joue-t-il ? Il ne faut pas l’observer longtemps pour s’en rendre compte : il joue à être garçon de café. »
Il aurait pu rajouter : on est tous des rôlistes… :slight_smile:

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