Aujourd’hui, j’ai rencontré une sorte de mercenaire que Yoshiro a envoyé pour m’éliminer.
Il ne devait pas avoir plus de 18 ans et avait une tête de poupon joufflu.
Son regard était lumineux, comme s’il était habité par la sensation enivrante d’œuvrer pour la cause la plus juste.
Il m’a annoncé tout de go quel Daimyô l’avait chargé de cette besogne et il était évident qu’il en ressentait une très grande fierté, qu’il ne doutait pas de l’issue de ce combat : il en serait vainqueur car chargé de redresser les torts impardonnables que j’avais à vis-à-vis de son maître.
Comme pour me prouver la véracité de ses accusations, il me lança au visage la relique d’une de mes soi-disantes victimes : il s’agissait du médaillon que portait ma mère lorsque, implorant Yoshiro à genou, celui-ci, le sourire aux lèvres, lui avait broyé le crâne de son kanabo.
Le cynisme cruel de mon vieil ennemi me poursuivrait donc toujours si je n’y mettais pas rapidement un terme, de ma lame.
Le joufflu me chargea fougueusement.
J’esquivais , ou parais avec mon naginata, les coups puissants mais maladroits qu’il assennait à tout va. Son souffle devint court et j’en profitai pour commencer à lui parler tant bien que mal.
Il était flagrant que le cher ange était prêt à mourir pour que justice soit faite. Rester à le convaincre que c’était de mon côté que la balance de cette dernière devait pencher.
Le laissant reprendre son souffle, je me retournai et lui montrai, inscrite dans mon dos, l’histoire des sévices que Yoshiro et ses sbires avaient fait subir à toute ma famille, le calvaire qu’avait subi, sous mes yeux, ma pauvre sœur.
Il écouta le récit que je lui faisais, tout en suivant de la pointe de son katana les différentes scènes, sur ma peau. Il aurait pu me transpercer sans que je n’ai le temps de réagir : il n’en fit rien.
Je l’entendais sangloter derrière moi.
Il m’implora finalement de partir au plus vite, hors de sa vue, avant qu’il ne change d’avis.
Ce que je fis sans me faire prier.