Fièvre acheteuse et négociations houleuses

Je ne sais pas vous, mais dans beaucoup des parties il y a toujours un moment un peu spéciale que je ne sais pas comment appréhender.
C’est un moment que les joueuses adorent pourtant mais en tant que MJ je le trouve terriblement peu intéressant.
Il s’agit des phases de shoping et celles de paiements.
Vous savez, ces moments ou le MJ tente de faire un peu de RP de vendeur qui a du mal à se renouveler. Oscillant entre le « Hey la ! Vous ne trouverez pas meilleur Insérez objet dans tout le royaume » et le « Je vous en prie approcher voir ce que Insérez surnom de marchand random a pour vous aujourd’hui ». Un cache misère pour une vending machine qui ne sert qu’à égayer une fouille de catalogue. Pour que les joueurs puissent s’emparer de ce qu’ils n’ont pas trouvé sur le terrain.
Ces moments m’ont même poussé à délaisser le médiévale pour partir vers le futuriste.
Là au moins on peut bidouiller à la volée les states d’un fusil à pompe ; qui devient un Gorgone Mk7 connus pour son système d’éjection des cartouches qui lui permet de tirer plus rapidement au détriment d’une puissance de feu. Comme il est de coutume pour les fusils manufacturé par Insérez nom de marque ou de planète.
Mais après cette phase-là, il ne devient plus qu’un vulgaire fusil …
Puis après avoir vécu milles aventures, rencontré moultes PNJs tous plus haut en couleur les uns que les autres. Ils s’en vont déranger un pauvre PNJ qui n’étais qu’un prétexte à leur faire vivre ce merveilleux voyage.
Vous avez prévu une vague récompense en pièces d’or, objets précieux ou autre histoire de justifier cette mascarade.
Dans ces moments, j’ai toujours la désagréable impression de lancer quelques piécettes au sol. Et je m’en voudrais presque.
Mais les joueuses se mettent à négocier …
« Et on avait pas toutes les informations, et ton aventure étais dangereuse, et on avait pas signé pour tel monstre … »
Puis commence la négociation avec le syndicat des aventuriers ; qui se plait presque de l’aventure que vous leur avais fait vivre.
Tout cela est cohérent avec la diégèse mais qu’es que c’est fastidieux.
Dans ces moment-là je suis en lutte pour ne pas balancer des revenus illimités ou envoyer un gros monstres pour mettre fin à tout ça.

Puis on passe de l’autre côté de l’écran. Et on prend plaisir à voir évoluer son personnage ainsi que son matériel. Regarder avec affection son épée rouillée trôner à côté de sa hache a canon scié tueuse de trucs. Tout comme on est les premiers à intégrer le syndicat des aventuriers mécontents.

Mais pour moi le JDR c’est comme l’amour. Il faut que ce soit partagé et consentit.
Voilà pourquoi je te pose la question à toi.
Oui, oui toi qui lis ces lignes insipides alors que tu as du travail à terminer et une famille à t’occuper.
Comment rendu tu la fièvre acheteuse et la négociations houleuses agréable pour ton MJ ?

3 « J'aime »

Ça fait longtemps que n’ai pas joué ce genre de scènes. Je me dis que s’il n’y a pas d’enjeu dramatique, une simple description d’ambiance du marcher dans son ensemble suffit et ensuite on passe en mode gestion , le plus rapide et efficace possible.

Si non je me souviens de mon mj de Warhammer il y a 20 ans de ça… Il prennait un malin plaisir à nous jouer des marchands RP bien relous et qui voulaient te faire tâter tout leurs produits et négociaient à n’en plus finir… Très rapidement on a évité les marchands et on demandait à notre MJ de gérer le shopping entre les parties …

Ton message couvre de nombreux sujets, mais pour ce qui est de l’interaction avec les vendeurs, j’ai tendance différencier les courses et le shopping dans mes parties.

Quand on fait les courses, j’indique quelque chose comme « Les marchands en ville ont à disposition tous les objets de rareté commune au prix du bouquin, achetez ce que vous voulez » et les joueurs fouillent eux-même les tables d’équipement pour acheter les flasques d’huile qui leur manquent et s’acheter une nouvelle brigandine. Pas besoin de jouer le rôle du vendeur pour acheter 10 flèches, et encore moins de négocier alors que ce sont les prix communément acceptés dans le cadre de jeu.

Quand on fait du shopping, aller au marché est une aventure. Peut-être qu’on cherche à se procurer une épice exotique rare, remonter un trafic de contrefaçon ou trouver un artefact magique. On est pas là pour acheter des banalités. Et dans ce cas là, oui, on joue les PNJ car ils font partie de l’aventure.

4 « J'aime »

Dans mon setting de Bastion il n’y a pas quarante marchands. Pour le tout venant il y a les frères Mainrouge, d’anciens aventuriers /voleurs reconvertis dans le négoce et prêts à tout pour quelques sous supplemtaires. Il refilent du matos de seconde main aussi, des objets qui ont une histoire, ils connaissent le coin comme leur poche et peuvent refiler des pistes d’aventures. Ils ont des besoins aussi, des commandes d’autres clients, et peuvent bien payer si on leur ramène tel ou tel truc.
Les autres marchands de Bastion sont plus des artisans qui vendent leur production (le forgeron, l’herboriste…), qui font des articles à la demande. Mais c’est pareil, il leur manque peut être tel ou tel ingrédient, métal, il savent où on peut s’en procurer mais c’est dangereux.
Donc mes marchands ne sont pas là que pour la figuration. Ce sont des acteurs du coin, qui se tirent la bourre, qui ont aussi leurs objectifs dans la communauté, des objectifs par toujours avouables.
Ça peut être intéressant de s’en faire des alliés, ça peut être aussi dangereux.
Bref, je les soigne mes marchands.

2 « J'aime »

Je comprends…

Je dirais même en JDR c’est plutôt comme une orgie à la Romaine, mais oui pour le partage et le consentement :wink:

Hum, déjà je joue mon personnage avec ses défauts jusqu’au BOUT du bout (naïf, vantard, coeur d’artichaud, sur de lui, arrogant, bavard, bref ya toujours un truc un peu extravagant qui allonge la sauce) ça a l’air de rien mais ça créer un point d’entrer pour le MJ pour me lancer des patates chaudes avec lesquels jongler, et regarder un joueur jongler (la c’est le MJ qui parle) perso je trouve ça rigolo.

Après quand je suis de l’autre coté de l’écran et que les joueurs veulent faire des courses, j’ajoute du sénario dans les courses.
“Ah vou’voulez que je reprenne vot” fourbil ? Ben c’est qu’a cause de [Insérez problème dans la région] on a pas trop eu d’activité cé dernier tem…"
L’oeil vif du marchand s’illumine suite à une fulgurance
“PAR CONTRE ! Si vou zarrivez a fair kek’choz pou nou’aut ben j’ai une vieille carte ek moi qui indique une ruine ou s’rai caché une relique ki vo son pesan cacahuète”

Ou quelque chose du genre, se servir d’un moment ou les joueurs veulent quelque chose pour leur mettre juste un peu de sable pour que ça crisse et que ça soit un poil trop désagréable et qu’ils s’en occupent.

(J’ai aucune idée de si j’ai pu répondre à ta question @Alquen mais j’espère que j’ai pu être une petite source d’inspiration)

2 « J'aime »

Comme toi @Alquen, je préfère éviter le shopping. Voici comment je me dépatouille tant bien que mal. Tout d’abord, j’essaye de comprendre pourquoi les joueuses veulent acheter du matériel :

Se préparer pour une mission dangereuse ?
J’utilise un petit papier ou je marque “tu as tout ce qu’il te faut”, avec un certain nombre de cases à cocher en fonction de l’argent dépensé. Chaque case représente du matos à utiliser dans l’action, quand on en a besoin.

Chercher un bidule/illégal/rare/spécial/utile pour le groupe ?
Une scène possible de marchandage, mais en rajoutant de la tension dramatique, comme le suggère @Pierreuh. « Les baillis tueraient s’ils choppaient quelqu’un avec ça ! »
Ou alors un simple jet de marchandage, contact, ou un truc du genre.

Frimer ?
Je laisse le plaisir d’un montage décrivant le personnage rechargeant son nouveau taser à impulsion ionique +3, mettant sa ceinture à double saturation sismique + 12 et vérifiant le niveau d’huile de son M123-X. (On réglera l’histoire de « comment a-t-il pu se payer tout ça ? » quand il cherchera à soudoyer un garde impérial.)

Revendre pour avoir de l’argent ?
Beaucoup : «Ok, mais êtes-vous prêts à sacrifier [truc utile pour le groupe] ?»
Peu : «Ok, vous revendez deux trois camelotes.» jet de marchandage possible …

Acheter plein de nouveaux trucs de façon maladive ?
Noter “biens de valeurs” quelque part, laissant le “gear fan” décrire son épée sertie de diamants +X, mais pouvant attirer la convoitise ou changer le statut social du groupe. «On aime pas trop les seigneurs clinquants dans ce bourg !»

Pour conclure, si l’objet ne vole pas la vedette aux personnages et alimente la fiction, ça me va. Après tout, Han Solo restera cool avec ou sans son vaisseau et Kill Bill se vengera avec ou sans son sabre. :slight_smile:

3 « J'aime »

Merci à tous pour vos retours.
Je pense m’inspirer de toutes vos différentes idées, la prochaine fois que j’aurais une phase des reines du shoping.
Par contre suis je le seul à trouver pénible les moments ou les PJs viennent négocier leurs contrats d’aventures ?

Certains MJ avec si j’ai eu le plaisir de jouer adorent donner une psychologie extrêmement tordue à leurs vendeurs.
Ils s’amusent à les interpréter, et on s’amuse à trouver un moyen de négocier ce qui rend fun cette phase :heart_eyes:

J’ai tendance à préférer la méthode The Sprawl (et ailleurs, j’en suis sûr).
On lance un dé, on interprète le résultat, et on papote après.

Beaucoup de choses à dire sur le sujet…

Par contre suis je le seul à trouver pénible les moments ou les PJs viennent négocier leurs contrats d’aventures ?
Non, tu n’es pas le seul. Et peut-être que tu prends ça trop au sérieux. Que tu t’investis trop pour “ne pas te faire avoir”. Mais si négocier comme un marchand de tapis ne t’intéresse pas, ne le fais pas. Lâche prise un peu.

Il y a des tas de possibilités où le client n’a pas le cœur à négocier.
Son affaire est urgente ? Un être aimé est en danger ? Il a tellement d’argent qu’il s’en fiche de payer au-dessus du prix ?
Laisse les joueurs arnaquer ton client. S’ils abusent, tâche de retenir comment ils se sont comportés, et n’hésite pas à leur renvoyer la politesse la prochaine fois qu’ils sont dans le pétrin. Ou à réutiliser ce même client dans une autre scène plus tard.

Mon conseil, c’est de réorienter ces scènes qui ne t’intéressent pas sur des sujets qui t’intéressent.
Tu n’es pas obligé d’avoir à chaque fois la scène basique où Groupe_de_PJs rencontre Donneur_de_Quêtes, et qu’il y a Contrat_à_Négocier. Je suis sûr que c’est modifiable pour mettre en scène des thèmes et des problématiques qui te plaisent davantage.

Et pour faire des achats ?

  • Comme mentionné plus haut, tu n’es pas obligé de faire jouer la scène à chaque fois.

  • Mais tu peux aussi rajouter des PNJs récurrents que les joueurs auront plaisir à voir. Et qu’ils ne voudront peut-être pas escroquer à chaque fois. Pourquoi est-ce que la Rouquine_qui_vend_du_Carburant n’inviterait pas son client à dîner après sa troisième visite ? (Et lui rappellerait méchamment comment le joueur lui a cassé la baraque en négociant comme un crève-la-faim, le jour où son grand-père malade tenait la boutique.)

  • Ou tu peux te servir des négociations comme l’amorce d’une nouvelle quête. La rencontre d’un allié ou d’un méchant qui réapparaîtra dans le scénario (“Hey, le capitaine pirate avec qui tu t’es disputé pour acheter le dernier shotgun disponible est déjà sur place… il te reconnaît et il a pas l’air content.”)

Je pense qu’il y a plein de choses à faire, et qu’en définitive, tu devrais essayer de mettre l’accent sur des scènes et de créer des histoires qui te plaisent, sans te laisser enfermer dans un schéma tel que “ils font des emplettes, ça va négocier”.

2 « J'aime »

Pour évacuer les listes d’équipements interminables et toujours non-exhaustives sur lesquelles les joueurs passent 1D4 heures dans l’espoir de carrer le MJ (qui lui passera 1D6 minutes a trouvé le truc essentiel qui manque), la bonne pratique est d’utiliser une unité générique, qui representera l’ensemble du matériel.
Il suffit alors de donner une valeur à l’objet demandé, que l’on déduit de cette cagnotte équipement.
L’objet n’est valable que pour la séance, ce qui représente son usure et créé une attrition intéressante, notamment dans les univers med-fan ou post-apocalyptique / survie.
Ex : les points de ressources à Oltréé ou les points de bric à brac à FACES.

Autre avantage, on évacue les histoires d’argent, en passant sur une notion plus proche du troc donc plus facile à mettre en œuvre.

2 « J'aime »

Les points de bric à brac cela ne vient pas de Faces, c’est mon adaptation de la règle d’oltrée à Faces :slight_smile:

1 « J'aime »

La boucle est bouclée…

Ces points, comme les sacs d’aventuriers dans DW sont une solution pour le petit matos.
Par contre pour armes et armures. Je ne pense pas que le joueur lambda soit prêt à voir son arme fétiche comme un consommable.

Je sort d’une partie vendredi soir, ou un joueur a faillit faire capoter ma partie juste par ce qu’une tierce personne avait volé son sabre laser. On perdu 2h en méta gaming, cours d’interprétation des jets sociaux (“j’ai raté mes jets et j’ai aucune raison de soupçonné ton personnage néanmoins, je pense que c’est toi qui me l’a volé”) et de combats entre PJs. :sob:

Le bric à brac me sert, dans un setting post Apo, à quantifier le matériel à dispo pour le bricolage.

Tu veux renforcer la porte de ta com ? Ok fait moi un jet de bricolage et en fonction du résultat cela va te coûté X points de bric à brac.

Tu veux une corde ? ok c’est crédible, mais ça va te coûter tant de pts de bric à brac.

Tu viens de fouiller cette pièce, ok tu trouve X pts de bric à brac etc…

Après comme le setting demande un peu de jouer sur l’attrition des ressources, il existe aussi des points de matériels spécifiques pour les véhicules, le High tech et les armes. A chaque fois se sont des ressources “démontées” qu’il faudra qu’un pj bricoleur assemble… bref des unités de craft autant emprunté à Oltrée qu’au jeu video… Et qui peuvent s’échanger et donc servent de monnaie dans un monde qui n’en a plus.

ça fonctionne pas mal dans ce setting.

1 « J'aime »

Super idée de catégoriser comme ca !
J’avais dans l’idée de faire un petit scénario dans l’ambiance des livres Stalker et Metro.
Je te piquerais surement l’idée.

Est-ce le joueur qui possède son équipement ou l’équipement qui possède le joueur ? À méditer. :thinking: :grinning:

Je pense que ca dépend du joueur …
Lorsqu’il s’agit d’un gros enfant, d’une trentaine d’année qui estime qu’il est LE héro de la partie.
Ca peut arriver ^^i

Une parade la situation que tu rencontres vient des systèmes à traits ou aspects, ou plus que l’objet lui même, c’est ce qu’il représente qui importe.
Un sabre laser +2 est remplaçable, le sabre légué par ton père sur son lit de mort l’est moins. Et cela justifie que le joueur se batte pour le conserver. Cela provoquera également plus d’empathie auprès des autres joueurs qui verront cela comme un vol de caractéristique (sacrilège !).

Cette partie étais un test de FATE.
Et cet ancien inquisiteur voulais son sabre laser. (Le PJ avais une prouesse liée à la maitrise des dits sabres).
Mais personne n’avais établit d’histoire concernant ce sabres lasers.
Il aurais très bien put en construire un autre ou en trouver un sur la route.
Mais il estimais qu’il le lui fallait et immédiatement.

Ai-je mal géré la situation ?

BTW le sujet commence à dériver. Modérateurs cela reste il acceptable ?