Chouette, un zombie.
Merci pour l’article sur Dream Askew, j’ai envie d’y jouer maintenant, c’est malin.
Mais, j’ai un mais.
Je réagis à la réponse de l’auteur du blog sur la peur de mal faire, sur une microbroutille: explorer l’infinie variété des catégories et du nuancier LGBTQIA+ en se documentant: les butch, les queer, les hard femmes, les violent femmes (ah non merde, c’est un groupe de musique). Hey, c’est pas une famille botanique avec ses genres, ses espèces et ses sous-espèces! C’est des gens qui aimeraient bien qu’on les accepte comme des gens normaux, pour la plupart.
Par principe je n’aime pas trop le catalogue de délimitations fines qu’une certaine fraction militante de la communauté LGBTQI+ cherche (de mon point de vue) à imposer.
Déjà je trouve que c’est un critère normatif essentialiste (bam, point Godwin direct, chui comme ça, moi, sans préliminaires, t’as vu?). Je ne vois pas pourquoi on devrait absolument se caractériser en référence à ce référentiel, je trouve ça assez violent en fait:
- ok, est-ce que je suis un bear parce que j’ai des bourrelets et des poils? manifestement… oui… mais est-ce que c’est un choix? j’aimerais peut-être bien être un éphèbe longiligne, c’est de la grossophobie de me réduire à mon apparence, quelque part. Et, oui, je me rase pas souvent, mais quand on s’aime pas, c’est pas évident de prendre soin de son apparence. Et puis quand je suis rasé on voit davantage mon gras sous le menton.
- au premier abord je suis 100% butch, sauf que j’ai eu un mec, et quand il m’a larguée pour mon ex (cette greluche) j’ai chialé comme une conne pendant 8 jours, et que 2 ans après je rêve encore qu’il revient, mais en vrai j’ai la trouille; parce que s’il voulait me reprendre je sais bien que j’aurais aucune fierté, parce que je suis comme ça, coeur de loubard, une vraie merde. Chui dans quelle case, du coup? je suis quand même une vraie butch ou je suis juste une pauvre conne pathétique?
- je suis homosexuel et commerçant de droite / prêtre catholique, où est ma place dans votre « arc en ciel »? (non, faites pas semblant, y en a pas, de place! et je vous parle pas du skin nazi, y en a autant qu’ailleurs, si le fait d’être queer protégeait de la connerie ça se saurait)
- je suis un homme cis gay, mais marié à une femme, que j’aime et avec qui j’ai une petite fille. Il y a 5 ans ça me paraissait inconcevable, et c’est toujours le cas. Suis-je queer? en tout cas, je ne me sens pas bi, les femmes ne m’attirent pas. Mais ma femme, si, pourtant c’est pas un camionneur. C’est grave Docteur?
- je suis agriculteur, et je déteste tous ces petits cons efféminés et drogués qui viennent bousiller nos champs avec leurs rave party et leur musique de sauvages. Il disent que je suis « gay », mais je vois pas le rapport avec Christian et moi, nous on sait se tenir, on se fait pas des papouilles en public comme des malpropres (j’t’en foutrais des rave party, ça se voit qu’ils se sont jamais levés à 5h pour la traite ces ptits cons)
On pourrait rallonger la liste assez longtemps, je parle de situations réelles à peine romancées (j’ai omis les plus violentes).
Ce que je veux dire, pour avoir côtoyé le milieu militant LGBTQIA+, c’est que beaucoup de gens en ressortent quelques années après y être entrés (comme moi du reste). Parce que la « communauté » correspond en réalité à une phase d’éveil de la conscience, et s’accompagne d’hyper activisme et de prises de position extrêmement radicales, qui sont normales (l’ardeur des nouveaux convertis) mais rarement tenables sur le long terme (sauf à tourner le dos à l’infinie subtilité de la vie). Bref, il ne faut pas confondre l’écume et la vague.
Et du coup, je suis de plus en plus sceptique sur la « communauté LGBT », qui me semble le fait d’une avant-garde activiste. C’est un outil de revendication politique efficace, mais c’est aussi un lisseur; je ne suis pas sûr que ces catégorisations apportent plus de bonheur que d’angoisses (mais c’est peut-être une question de caractère, certains aiment peut-être entrer dans des moules, je ne sais pas).
C’est très bien ces approches militantes, mais je me méfie tout autant de l’effet carcan des catégories en jeu. J’en ai rien à cirer de savoir si mon perso est une « cold femme » ou un « butch queen ». ça peut servir de base mais fondamentalement, je n’ai pas envie qu’on me dise: « attends, un butch queen ne réagit pas comme ça ». Un butch queen, c’est possible, mais mon perso est unique, okai? Qu’on me demande comment sa réaction est cohérente avec l’identité que j’ai définie, parfaitement, c’est normal. Tant que la réponse peut être: « elle est incohérente, parce que mon perso n’est pas un androïde, mais un être humain, pétri de contradictions (Okai?) ».
Mais bon, je pousse une gueulante en mode « vous allez vous lâcher la grappe les uns les autres bordel », mais je suis pour quand même.
(et je trouve que les moves en diceless, c’est top. Pour moi c’est le stade suivant de l’évolution du jeu de rôles, j’en ai rêvé, d’autres l’ont fait)